10sept. 2024
Quelles économies sur le financement de l'apprentissage ?
16:22 - Par Philippe SOUSSAN
Depuis la loi Avenir Professionnel du 5 septembre 2018, l'apprentissage a été déclaré priorité nationale !
Avec un objectif, celui de dépasser le million de contrats d'apprentissage signé.
Cet objectif a été atteint à fin mars 2024, pour le stock, pas pour le nombre de contrats signés - La subtilité de ces chiffres est expliqué par ici : https://toutpourlemploi.fr/2024/06/alternance-1t-2024/
Mais, depuis que l'apprentissage atteint ce sommet, une recherche d'efficience s'est engagée. Cet objectif ne peut-il être atteint avec moins d'argent ?
C'est la limite que soulève les économistes qui sont divisés sur le coût global ou le bénéfice pour la société.
Différentes études ont été menées et publiées sur le coût global de la politique de promotion de l'apprentissage. Voici un rapide tour d'horizon :
Dès novembre 2021, l'institut ASTERES, sur la commande du groupe GALILEO, avait publié une étude avancant que chaque euro investi dans l'apprentissage génère 4,8 euros de retour sur investissement par rapport à 1 euro investi dans la formation initiale. De quoi justifier le (sur)coût de l'apprentissage au plus grand bénéfice des acteurs privés de l'enseignement supérieur.
L'étude : https://asteres.fr/site/wp-content/uploads/2021/10/ASTERES-Note-apprentissage_260821-1.pdf
La Fondation Jean Jaurès s'est aussi essayée à une étude synthétique la plus précise possible pour évaluer "Qui veut la peau de l'apprentissage ?". Cette synthèse a été rédigée par Antoine Amiel, fondateur de Learn Assembly, cabinet conseil en éducation.
A lire par ici https://www.jean-jaures.org/publication/qui-veut-la-peau-de-lapprentissage/
Et c'est le dernier rapport de l'IGAS/IGF, réalise en mars 2024 et publié le 5 septembre 2024 qui tente de chiffrer des pistes pour réduire le coût de l'apprentissage pour les finances publiques occultant l'investissement réalisé par les entreprises dans l'embauche des apprentis.
Car ces pistes n'abordent pas du tout l'impact de ces mesures d'économies sur le niveau actuel des contrats d'apprentissage.
Cette approche budgétaire de réduction des coûts pourrait :
- faire repartir à la hausse le chômage des jeunes, qui est à un niveau très bas jmais atteint depuis les années 2000,
- réduire le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur et accentuer les difficultés de recrutement des entreprises par rapport à leurs besoins,
Ce rapport est donc un cahier de mesures de réduction de la contribution de l'ETAT au développement de l'apprentissage par un plan d'économies sans analyse des impacts induits sur la situation actuelle.
Son seul apport est de permettre aux acteurs de l'apprentissage d'anticiper des mesures susceptibles de leur être imposées dans les semaines ou mois à venir !