L'expansion de l’apprentissage depuis 2018 : les points clés
Depuis la réforme de 2018, l’apprentissage en France a connu une croissance spectaculaire, portée par des changements structurels et financiers majeurs. Cette étude, publiée par France Compétences en octobre 2024, détaille les leviers de cette transformation, tout en identifiant des zones d’ombre et des défis persistants.
1. Une croissance marquée par différents facteurs
La réforme de 2018 a libéralisé le système d’apprentissage, auparavant piloté par les régions sous contrainte budgétaire.
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Liberté de création : De nouveaux organismes de formation par apprentissage (OFA) ont vu le jour, diversifiant l’offre et augmentant la concurrence.
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Aides financières : Des aides importantes ont été mises en place, notamment une aide exceptionnelle à l’embauche depuis la crise du Covid-19.
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Extension des publics : L’âge limite pour accéder à l’apprentissage est passé à 30 ans, attirant de nouveaux profils.
Ces mesures ont entraîné une hausse de 150 % des contrats entre 2018 et 2022, une forte augmentation des entreprises utilisatrices (notamment les TPME) et une progression marquée de la part des filles dans les formations (+9 points entre 2017 et 2021).
2. L’impact des aides à l’embauche
En 2022, le financement global de l’apprentissage atteignait 18,2 milliards d’euros, partagé entre frais pédagogiques (44 %) et aides à l’embauche (43 %).
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Effet positif : 56 % de l’augmentation des contrats est attribuée à ces aides. Les petites entreprises et les apprentis du supérieur en ont été les principaux bénéficiaires.
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Limites : Malgré ce soutien, 79 % des entreprises n’ont pas recruté d’alternants en 2021, citant un manque de tâches adaptées ou une situation économique difficile. Peu mentionnent les coûts comme obstacle.
Certaines pratiques opportunistes émergent, avec des entreprises utilisant les alternants pour remplacer d’autres types de personnel.
3. La rentabilité et les stratégies des Organismes de formation en apprentissage (OFA)
Environ 60 % des OFA présentent un résultat excédentaire, mais 24 % sont déficitaires.
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Optimisation des coûts : Les OFA cherchent à élargir leur public et à diversifier leurs activités (formation continue, professionnalisation) pour mieux répartir leurs charges fixes.
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Augmentation des dépenses : Les tensions sur le recrutement des formateurs, l’évolution des profils d’apprentis et de nouvelles obligations réglementaires pèsent sur les coûts.
4. Des pédagogies de l’alternance inégales
Malgré les efforts pour rapprocher les enseignements académiques et les apprentissages en entreprise, de nombreuses failles subsistent.
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Pratiques efficaces : Certains OFA proposent des espaces intermédiaires (ateliers, simulations, retours d’expérience) pour articuler théorie et pratique.
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Suivi pédagogique : 50 % des entreprises n’ont que peu ou pas de contact avec leur OFA en dehors des débuts et fins de contrat.
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Conséquences : Le taux de rupture des contrats reste élevé, atteignant 21 % en 2022, surtout dans le supérieur (+8 points depuis 2017).
Analyse critique de l’étude
Cette note d’étude fournit une analyse approfondie des impacts de la réforme de 2018. Toutefois, elle présente certaines limites :
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Données provisoires : De nombreux résultats restent préliminaires, notamment sur l’insertion professionnelle à long terme des apprentis.
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Focus sur les aspects positifs : L’accent est mis sur les succès quantitatifs, tandis que les critiques sur la qualité pédagogique ou les pratiques opportunistes des employeurs sont moins développées.
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Parti pris institutionnel : Émanant de France Compétences, une entité impliquée dans la régulation, l’étude pourrait manquer d’indépendance.
En conclusion, bien que la réforme ait permis une croissance indéniable de l’apprentissage, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour en améliorer la qualité, réduire les ruptures et assurer une insertion professionnelle durable pour tous les apprentis.